Ana kont fi swisra, shuwaya keda [2019]

Rubans leds, clous, fil d’attache, fils électriques, transformateur, software, 236 x 33,5 cm. Photo: Thomas Maisonnasse

Ana kont fi swisra, shuwaya keda est une pièce lumineuse réalisée en leds de couleur verte et composée de signes arabes. Elle transcrit une mystérieuse expression glanée dans les Stella bars du centre ville du Caire : « انا كنت في سويسرا شويه كده » et se traduit littéralement du dialecte égyptien par « J’ai été en Suisse, hélas ». Cette périphrase semblerait être utilisée par certaines personnes pour dire qu’ils étaient en prison sans en prononcer le mot.

Rédigée en lettres manuscrites, cette délicate expression est révélée par un assemblage de rubans leds soudés artisanalement entre eux et cloués à même le mur. Il clignote aléatoirement comme pour signifier une voix fragile qui à tout instant menacerait de s’éteindre. Par ses reflets, il investit l’espace et interroge la perception visuelle par l’altération chromatique qu’il produit dans la rétine du spectateur.

Ana kont fi swisra, shuwaya keda aborde les questions des appartenances culturelles et de leurs représentations à travers l’emploi d’un alphabet étranger et par l’utilisation d’un chromatisme symbolique emprunté à un ailleurs.

« Une prison qui offre aux Suisses l’avantage dialectique d’être à la fois le prisonnier et le gardien ». Friedrich Dürrenmatt